pas même eu la pensée. Permettez-moi de vous dire encore une fois, que vous n’avez vu cette dame qu’en songe. »
« Vous venez donc pour vous moquer aussi de moi, répliqua encore le prince en colère, et pour me dire en face que ce que je vous dis est un songe. » Il le prit aussitôt par la barbe, et il le chargea de coups aussi long-temps que ses forces le lui permirent.
Le pauvre grand visir essuya patiemment toute la colère du prince Camaralzaman par respect. « Me voilà, dit-il en lui-même, dans le même cas que l’esclave : trop heureux si je puis échapper comme lui d’un si grand danger ! » Au milieu des coups dont le prince le chargeoit encore : « Prince, s’écria-t-il, je vous supplie de me donner un moment d’audience. » Le prince, las de frapper, le laissa parler.
« Je vous avoue, prince, dit alors le grand visir en dissimulant, qu’il est quelque chose de ce que vous croyez.