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CONTES ARABES.

menta mon mal. Elle revint le lendemain, et je lus sur son visage qu’elle n’avoit rien de favorable à m’annoncer. En effet, elle me dit : « Mon fils, je ne m’étois pas trompée, j’ai à surmonter autre chose que la vigilance d’un père : vous aimez un objet insensible qui se plaît à faire brûler d’amour pour elle tous ceux qui s’en laissent charmer ; elle ne veut pas leur donner le moindre soulagement. Elle m’a écoutée avec plaisir tant que je ne lui ai parlé que du mal qu’elle vous fait souffrir ; mais d’abord que j’ai seulement ouvert la bouche pour l’engager à vous permettre de la voir et de l’entretenir, elle m’a dit en me jetant un regard terrible : « Vous êtes bien hardie de me faire cette proposition ; je vous défends de me revoir jamais, si vous voulez me tenir de pareils discours. »

» Que cela ne vous afflige pas, poursuivit la vieille, je ne suis pas aisée à rebuter ; et pourvu que la patience ne vous manque pas, j’espère que je viendrai à bout de mon dessein. »