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LES MILLE ET UNE NUITS,

j’eus d’être tombé entre les mains d’un barbier si babillard et si extravagant ! Quel fâcheux contre-temps pour un amant qui se préparoit à un rendez-vous ! J’en fus choqué. « Je me mets peu en peine, lui dis-je en colère, de vos avis et de vos prédictions. Je ne vous ai point appelé pour vous consulter sur l’astrologie ; vous êtes venu ici pour me raser : ainsi, rasez-moi, ou vous retirez, que je fasse venir un autre barbier. »

« Seigneur, me répondit-il avec un flegme à me faire perdre patience, quel sujet avez-vous de vous mettre en colère ? Savez-vous bien que tous les barbiers ne me ressemblent pas, et que vous n’en trouveriez pas un pareil quand vous le feriez faire exprès ? Vous n’avez demandé qu’un barbier ; et vous avez en ma personne le meilleur barbier de Bagdad, un médecin expérimenté, un chimiste très-profond, un astrologue qui ne se trompe point, un grammairien achevé, un parfait rhétoricien, un logicien subtil, un mathématicien accompli dans