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LES MILLE ET UNE NUITS,

d’or, dis-je à celui de mes esclaves qui faisoit la dépense de ma maison, qu’il s’en aille et me laisse en repos : je ne veux plus me faire raser aujourd’hui. » « Seigneur, me dit alors le barbier, qu’entendez-vous, s’il vous plaît, par ce discours ? Ce n’est pas moi qui suis venu vous chercher ; c’est vous qui m’avez fait venir ; et cela étant ainsi, je jure, foi de Musulman, que je ne sortirai point de chez vous que je ne vous aie rasé. Si vous ne connoissez pas ce que je vaux, ce n’est pas ma faute. Feu monsieur votre père me rendoit plus de justice : toutes les fois qu’il m’envoyoit quérir pour lui tirer du sang, il me faisoit asseoir auprès de lui ; et alors c’étoit un charme d’entendre les belles choses dont je l’entretenois. Je le tenois dans une admiration continuelle ; je l’enlevois ; et quand j’avois achevé : « Ah, s’écrioit-il, vous êtes une source inépuisable de science ! Personne n’approche de la profondeur de votre savoir ! » « Mon cher Seigneur, lui répondois-je,