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CONTES ARABES.

m’eut pas donné quatre coups de rasoir, qu’il s’arrêta pour me dire : « Seigneur, vous êtes prompt ; vous devriez vous abstenir de ces emportemens qui ne viennent que du démon. Je mérite d’ailleurs que vous ayez de la considération pour moi, à cause de mon âge, de ma science et de mes vertus éclatantes… »

« Continuez de me raser, lui dis-je en l’interrompant encore, et ne parlez plus. » « C’est-à-dire, reprit-il, que vous avez quelqu’affaire qui vous presse ; je vais parier que je ne me trompe pas. » « Hé, il y a deux heures, lui repartis-je, que je vous le dis ; vous devriez déjà m’avoir rasé. » « Modérez votre ardeur, répliqua-t-il, vous n’avez peut-être pas bien pensé à ce que vous allez faire : quand on fait les choses avec précipitation, on s’en repent presque toujours. Je voudrois que vous me disiez quelle est cette affaire qui vous presse si fort, je vous en dirois mon sentiment. Vous avez du temps de reste, puisque l’on ne vous attend qu’à midi,