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LES MILLE ET UNE NUITS,

moment. » En disant ces paroles, il remit son astrolabe dans sa trousse, reprit son rasoir, qu’il repassa sur le cuir qu’il avoit attaché à sa ceinture, et recommença de me raser ; mais en me rasant, il ne put s’empêcher de parler. « Si vous vouliez, Seigneur, me dit-il, m’apprendre quelle est cette affaire que vous avez à midi, je vous donnerois quelque conseil dont vous pourriez vous trouver bien. » Pour le contenter, je lui dis que des amis m’attendoient à midi pour me régaler et se réjouir avec moi du retour de ma santé.

» Quand le barbier entendit parler de régal : « Dieu vous bénisse en ce jour comme en tous les autres, s’écria-t-il ! Vous me faites souvenir que j’invitai hier quatre ou cinq amis à venir manger aujourd’hui chez moi ; je l’avois oublié, et je n’ai encore fait aucuns préparatifs. » « Que cela ne vous embarrasse pas, lui dis-je, quoique j’aille manger dehors, mon garde-manger ne laisse pas d’être toujours bien garni ; je vous fais pré-