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LES MILLE ET UNE NUITS,

donner ce qu’il demandoit. Il cessa de me raser pour examiner chaque chose l’une après l’autre ; et comme cet examen dura près d’une demi-heure, je pestois, j’enrageois ; mais j’avois beau pester et enrager, le bourreau ne s’en pressoit pas davantage. Il reprit pourtant le rasoir, et me rasa quelques momens ; puis s’arrêtant tout-à-coup : « Je n’aurois jamais cru, Seigneur, me dit-il, que vous fussiez si libéral : je commence à connoître que feu votre père revit en vous. Certes, je ne méritois pas les grâces dont vous me comblez, et je vous assure que j’en conserverai une éternelle reconnoissance. Car, Seigneur, afin que vous le sachiez, je n’ai rien que ce qui me vient de la générosité des honnêtes gens comme vous : en quoi je ressemble à Zantout, qui frotte le monde au bain ; à Sali, qui vend des pois chiches grillés par les rues ; à Salouz, qui vend des fèves ; à Akerscha, qui vend de herbes ; à Abou-Mekarès, qui arrose les rues pour abattre la poussière ; et à Cassem de