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LES MILLE ET UNE NUITS,

nées ; je n’ai pas cru que vous dussiez revenir de si bonne heure. »

« Tu es un maraut, repartit Amgiad, et je te rouerai de coups pour t’apprendre à mentir, et à manquer à ton devoir. » Il se leva, prit un bâton, et lui en donna deux ou trois coups assez légèrement ; après quoi il se remit à table.

La dame ne fut pas contente de ce châtiment, elle se leva à son tour, prit le bâton, et en chargea Bahader de tant de coups sans l’épargner, que les larmes lui en vinrent aux jeux. Amgiad, scandalisé au dernier point de la liberté qu’elle se donnoit, et de ce qu’elle maltraitoit un officier du roi, de cette importance, avoit beau crier que c’étoit assez, elle frappoit toujours : « Laissez-moi faire, disoit-elle, je veux me satisfaire, et lui apprendre à ne pas s’absenter si long-temps une autre fois. » Elle continuoit toujours avec tant de furie, qu’il fut contraint de se lever et de lui arracher le bâton, qu’elle ne lâcha qu’après beaucoup de résistance.