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LES MILLE ET UNE NUITS,

Assad présenta le papier à la reine Margiane, qui n’admira pas moins la moralité des sentences, que la beauté du caractère ; et il n’en fallut pas davantage pour achever d’embraser son cœur, et de le toucher d’une véritable compassion pour lui. Elle n’eut pas plutôt achevé de le lire, qu’elle s’adressa à Behram : « Choisissez, lui dit-elle, de me vendre cet esclave, ou de m’en faire un présent ; peut-être trouverez-vous mieux votre compte de choisir le dernier. »

Behram reprit assez insolemment qu’il n’avoit pas de choix à faire, qu’il avoit besoin de son esclave, et qu’il vouloit le garder.

La reine Margiane, irritée de cette hardiesse, ne voulut point parler davantage à Behram ; elle prit le prince Assad par le bras, le fit marcher devant elle ; et en l’emmenant à son palais, elle envoya dire à Behram qu’elle feroit confisquer toutes ses marchandises, et mettre le feu à son vaisseau au milieu du port, s’il y passoit la nuit. Behram fut contraint de