Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
136
LES MILLE ET UNE NUITS,

naire, et plus qu’elle ne pourroit se l’imaginer. Les maux, les tourmens incroyables que j’ai soufferts, et le genre de mort auquel j’étois destiné, dont elle m’a délivré par sa générosité toute royale, lui feront connoître la grandeur de son bienfait que je n’oublierai jamais. Mais avant d’entrer dans ce détail qui fait horreur, elle voudra bien que je prenne l’origine de mes malheurs de plus haut. »

Après ce préambule qui augmenta la curiosité de Margiane, Assad commença par l’informer de sa naissance royale, de celle de son frère Amgiad, de leur amitié réciproque, de la passion condamnable de leurs belles-mères changée en une haine des plus odieuses, la source de leur étrange destinée. Il vint ensuite à la colère du roi leur père, à la manière presque miraculeuse de la conservation de leur vie, et enfin à la perte qu’il avoit faite de son frère, et à la prison si longue et si douloureuse d’où on ne l’avoit fait sortir que pour être immolé sur la montagne du Feu.