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CONTES ARABES.

que ce ne fût l’escadre de la reine Margiane qui le poursuivoit, et alors il donnoit la bastonnade à Assad ; car depuis son embarquement dans son vaisseau au port de la ville des Mages, il n’avoit pas manqué un jour de lui faire ce même traitement : cela fit qu’il le maltraita plus que de coutume. Il se trouva dans un grand embarras quand il vit qu’il alloit être environné. De garder Assad, c’étoit se déclarer coupable ; de lui ôter la vie, il craignoit qu’il n’en parût quelque marque. Il le fit déchaîner ; et quand on l’eut fait monter du fond de cale où il étoit, et qu’on l’eut amené devant lui : « C’est toi, dit-il, qui es cause qu’on nous poursuit. » Et en disant ces paroles, il le jeta dans la mer.

Le prince Assad qui savoit nager, s’aida de ses pieds et de ses mains avec tant de courage, à la faveur des flots qui le secondoient, qu’il en eut assez pour ne pas succomber et pour gagner terre. Quand il fut sur le rivage, la première chose qu’il fit,