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LES MILLE ET UNE NUITS,

des grandes richesses que Dieu m’a données ; vous voyez qu’elles ne me servent de rien pour me délivrer de la mort. La seule chose que je vous demande en mourant, c’est que vous vous souveniez de la promesse que vous m’avez faite touchant la belle Persienne. Je meurs content avec la confiance que vous ne l’oublierez pas. »

Ces paroles furent les dernières que le visir Khacan prononça. Il expira peu de momens après, et il laissa un deuil inexprimable dans la maison, à la cour et dans la ville. Le roi le regretta comme un ministre sage, zélé et fidèle ; et toute la ville le pleura comme son protecteur et son bienfaiteur. Jamais on n’avoit vu de funérailles plus honorables à Balsora. Les visirs, les émirs, et généralement tous les grands de la cour s’empressèrent de porter son cercueil sur les épaules, les uns après les autres, jusqu’au lieu de sa sépulture ; et les plus riches jusqu’aux plus pauvres de la ville, l’y accompagnèrent en pleurs.