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CONTES ARABES.

et de perfection, que le calife en fut charmé.

Dès que la belle Persienne eut achevé de chanter, le calife descendit de l’escalier, et le visir Giafar le suivit. Quand il fut au bas : « De ma vie, dit-il au visir, je n’ai entendu une plus belle voix, ni mieux jouer du luth : Isaac[1], que je croyois le plus habile joueur qu’il y eût au monde, n’en approche pas. J’en suis si content, que je veux entrer pour l’entendre jouer devant moi : il s’agit de savoir de quelle manière je le ferai. »

« Commandeur des croyans, reprit le grand visir, si vous y entrez et que Scheich Ibrahim vous reconnoisse, il en mourra de frayeur. » « C’est aussi ce qui me fait de la peine, repartit le calife, et je serois fâché d’être cause de sa mort, après tant de temps qu’il me sert. Il me vient une pensée qui pourra me réus-

  1. C’étoit un excellent joueur de luth qui vivoit à Bagdad sous le règne de ce calife.