Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
285
CONTES ARABES.

me commande, répondit le roi. » « Gardez-vous-en bien, Sire, reprit le méchant visir ; c’est bien là l’écriture du calife, mais la formule n’y est pas. » Le roi l’avoit fort bien remarquée ; mais dans le trouble où il étoit, il s’imagina qu’il s’étoit trompé quand il ne la vit plus.

« Sire, continua le visir, il ne faut pas douter que le calife n’ait accordé cette lettre à Noureddin, sur les plaintes qu’il lui est allé faire contre votre Majesté et contre moi, pour se débarrasser de lui ; mais il n’a pas entendu que vous exécutiez ce qu’elle contient. De plus, il est à considérer qu’il n’a pas envoyé un exprès avec la patente, sans quoi elle est inutile. On ne dépose pas un roi comme votre Majesté, sans cette formalité : un autre que Noureddin pourroit venir de même avec une fausse lettre ; cela ne s’est jamais pratiqué. Sire, votre Majesté peut s’en reposer sur ma parole, et je prends sur moi tout le mal qui peut en arriver. »