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CONTES ARABES.

Saouy n’oublia pas qu’il l’y avoit fait mettre. Résolu à lui faire perdre la vie honteusement, il n’osa l’entreprendre de son autorité. Pour réussir dans son pernicieux dessein, il chargea plusieurs de ses esclaves de riches présens, et alla se présenter au roi à leur tête : « Sire, lui dit-il avec une malice noire, voilà ce que le nouveau roi supplie votre Majesté de vouloir bien agréer à son avènement à la couronne. »

Le roi comprit ce que Saouy vouloit lui faire entendre. « Quoi, reprit-il, ce malheureux vit-il encore ? Je croyois que tu l’avois fait mourir. » « Sire, repartit Saouy, ce n’est pas à moi qu’il appartient de faire ôter la vie à personne ; c’est à votre Majesté. » « Va, répliqua le roi, fais-lui couper le cou, je t’en donne la permission. » « Sire, dit alors Saouy, je suis infiniment obligé à votre Majesté de la justice qu’elle me rend. Mais comme Noureddin m’a fait si publiquement l’affront qu’elle n’ignore pas, je lui demande en grâce de