Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
294
LES MILLE ET UNE NUITS,

garrotté, il le fit délier et mettre en liberté, et commanda qu’on s’assurât du visir Saouy, et qu’on le liât des mêmes cordes.

Le grand visir Giafar ne coucha qu’une nuit à Balsora ; il repartit le lendemain ; et, selon l’ordre qu’il avoit, il emmena avec lui Saouy, le roi de Balsora, et Noureddin. Quand il fut arrivé à Bagdad, il les présenta au calife ; et après qu’il lui eut rendu compte de son voyage, et particulièrement de l’état où il avoit trouvé Noureddin, et du traitement qu’on lui avoit fait par le conseil et l’animosité de Saouy, le calife proposa à Noureddin de couper la tête lui-même au visir Saouy. « Commandeur des croyans, reprit Noureddin, quelque mal que m’ait fait ce méchant homme, et qu’il ait tâché de faire à feu mon père, je m’estimerois le plus infâme de tous les hommes, si j’avois trempé mes mains dans son sang. » Le calife lui sut bon gré de sa générosité, et il fit faire cette justice par la main du bourreau.