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CONTES ARABES.

voulut encore faire sa prière pendant qu’elle se coucheroit ; mais Haïatalnefous la retint, et l’obligea de se rasseoir. « Quoi, dit-elle, vous prétendez donc, à ce que je vois, me traiter encore cette nuit comme vous m’avez traitée les deux dernières ? Dites-moi, je vous supplie, en quoi peut vous déplaire une princesse comme moi, qui ne vous aime pas seulement, mais qui vous adore et qui s’estime la princesse la plus heureuse de toutes les princesses de son rang, d’avoir un prince si aimable pour mari ? Une autre que moi, je ne dis pas offensée, mais outragée par un endroit si sensible, auroit une belle occasion de se venger en vous abandonnant seulement à votre mauvaise destinée ; mais quand je ne vous aimerois pas autant que je vous aime, bonne et touchée du malheurs des personnes qui me sont les plus indifférentes, comme je le suis, je le laisserois pas de vous avertir que le roi mon père est fort irrité de votre procédé, qu’il n’attend que demain pour