Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
304
LES MILLE ET UNE NUITS,

Au bout de trois jours, la belle esclave parée et ornée magnifiquement, étoit seule dans sa chambre assise sur un sofa, et appuyée à une des fenêtres qui regardoit la mer, lorsque le roi, averti qu’il pouvoit la voir, y entra. L’esclave qui entendit que l’on marchoit dans sa chambre d’un autre air que les femmes qui l’avoient servie jusqu’alors, tourna aussitôt la tête pour voir qui c’étoit. Elle reconnut le roi ; mais sans en témoigner la moindre surprise, sans même se lever pour lui faire civilité et pour le recevoir, comme s’il eût été la personne du monde la plus indifférente, elle se remit à la fenêtre comme auparavant.

Le roi de Perse fut extrêmement étonné de voir qu’une esclave si belle et si bien faite, sût si peu ce que c’étoit que le monde. Il attribua ce défaut à la mauvaise éducation qu’on lui avoit donnée, et au peu de soin qu’on avoit pris de lui apprendre les premières bienséances. Il s’avança vers elle jusqu’à la fenêtre, où non-