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LES MILLE ET UNE NUITS,

tentement et à ma joie, si vous me disiez seulement un mot pour me marquer que vous m’en avez quelque obligation. Mais comment pourriez-vous me le dire, si vous êtes muette ? Hélas, je ne crains que trop que cela ne soit ! Et quel moyen de ne le pas craindre après un an entier que je vous prie mille fois chaque jour de me parler, et que vous gardez un silence si affligeant pour moi ? S’il n’est pas possible que j’obtienne de vous cette consolation, fasse le ciel au moins que vous me donniez un fils pour me succéder après ma mort ! Je me sens vieillir tous les jours, et dès à présent j’aurois besoin d’en avoir un pour m’aider à soutenir le plus grand poids de ma couronne. Je reviens au grand désir que j’ai de vous entendre parler : quelque chose me dit en moi-même que vous n’êtes pas muette. Hé de grâce, madame, je vous en conjure, rompez cette longue obstination, dites-moi un mot seulement, après quoi je ne me soucie plus de mourir ! »