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CONTES ARABES.

ne se découvroit à la princesse Haïatalnefous, elle hasarda cette voie.

Comme la princesse Badoure étoit demeurée interdite, Haïatalnefous impatiente alloit reprendre la parole, lorsqu’elle l’arrêta par celles-ci : « Aimable et trop charmante princesse, lui dit-elle, j’ai tort, je l’avoue, et je me condamne moi-même ; mais j’espère que vous me pardonnerez, et que vous me garderez le secret que j’ai à vous découvrir pour ma justification. »

En même temps la princesse Badoure ouvrit son sein : « Voyez, princesse, continua-t-elle, si une princesse, femme comme vous, ne mérite pas que vous lui pardonniez ; je suis persuadée que vous le ferez de bon cœur quand je vous aurai fait le récit de mon histoire, et sur-tout de la disgrâce affligeante qui m’a contrainte de jouer le personnage que vous voyez. »

Quand la princesse Badoure eut achevé de se faire connoître entièrement à la princesse de l’isle d’Ébène