elle, pour vous apprendre mon histoire, que je me nomme Tourmente[1] : nom qui me fut donné au moment de ma naissance, à cause que l’on jugea que ma vue causeroit un jour bien des maux. Il ne vous doit pas être inconnu, puisqu’il n’y a personne dans Bagdad qui ne sache que le calife Haroun Alraschild, mon souverain maître et le vôtre, a une favorite qui s’appelle ainsi. On m’amena dans son palais dès mes plus tendres années, et j’ai été élevée avec tout le soin que l’on a coutume d’avoir des personnes de mon sexe destinées à y demeurer. Je ne réussis pas mal dans tout ce qu’on prit la peine de m’enseigner ; et cela joint à quelques traits de beauté, m’attira l’amitié du calife, qui me donna un appartement particulier auprès du sien. Ce prince n’en demeura pas à cette distinction, il nomma vingt femmes pour me servir, avec autant d’eunuques ; et depuis ce temps-là il m’a fait des pré-
- ↑ En Arabe, Fetnab.