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LES MILLE ET UNE NUITS,

exécuter son mauvais dessein, a pris le temps de l’absence du calife, qui depuis peu de jours est allé se mettre à la tête de ses troupes, pour punir l’audace de quelques rois ses voisins, qui se sont ligués pour lui faire la guerre. Sans cette conjoncture, ma rivale, toute furieuse qu’elle est, n’auroit osé rien entreprendre contre ma vie. Je ne sais ce qu’elle fera pour dérober au calife la connoissance de cette action ; mais vous voyez que j’ai un très-grand intérêt que vous me gardiez le secret. Il y va de ma vie ; je ne serois pas en sûreté chez vous, tant que le calife sera hors de Bagdad. Vous êtes intéressé vous-même à tenir mon aventure secrète ; car si Zobéïde apprenoit l’obligation que je vous ai, elle vous puniroit vous-même de m’avoir conservée. Au retour du calife, j’aurai moins de mesures à garder. Je trouverai moyen de l’instruire de tout ce qui s’est passé, et je suis persuadée qu’il sera plus empressé que moi-même à reconnoître un service qui me rend à son amour. »