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LES MILLE ET UNE NUITS,

qu’ils l’ont vu : ayez donc l’esprit en repos là-dessus, et soyez sûre que vous serez servie avec tout le respect qui est dû à la favorite d’un monarque aussi grand que le nôtre. Mais quelle que soit la grandeur qui l’environne, permettez-moi de vous déclarer, madame, que rien ne sera capable de me faire révoquer le don que je vous ai fait de mon cœur. Je sais bien que je n’oublierai jamais que ce qui appartient au maître est défendu à l’esclave. » Mais je vous aimois avant que vous m’eussiez appris que votre foi étoit engagée au calife ; il ne dépend pas de moi de vaincre une passion qui, quoiqu’encore naissante, a toute la force d’un amour fortifié par une parfaite réciprocité. Je souhaite que votre auguste et trop heureux amant vous venge de la malignité de Zobéïde, en vous rappelant auprès de lui, et quand vous vous verrez rendue à ses souhaits, que vous vous souveniez de l’infortuné Ganem, qui n’est pas moins votre conquête que le calife.