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CONTES ARABES.

« Daignez maintenant, dit la princesse à son frère, écouter un moment ce que Naam va nous chanter. » Alors la jeune esclave se mit à peindre, dans des vers passionnés, les tourmens qu’éprouvent deux cœurs unis par le plus doux des sentimens, mais que la rigueur du destin a séparés. Sa voix touchante fit tant de plaisir au calife, qu’il lui en témoigna sa satisfaction par les complimens les plus flatteurs.

La princesse saisissant le moment favorable, lui dit qu’un grand roi n’avoit que sa parole, et que le jugement qu’il avoit une fois prononcé devenoit irrévocable. Ayant ensuite ordonné à Naam et à Naama de se lever : « Souverain Commandeur des croyans, dit-elle à son frère, vous voyez devant vous les deux infortunés dont vous venez de plaindre la destinée. Naam est la jeune esclave que Hegiage Ebn Ioussef a enlevée à son époux pour vous l’envoyer. Il vous en a imposé dans sa lettre, en vous annonçant qu’il l’avoit achetée