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LES MILLE ET UNE NUITS,

ment Schemseddin. Il s’en prenoit secrètement à sa femme ; mais il n’avoit jamais osé lui adresser sur cela le moindre reproche. Un jour qu’il étoit assis dans son magasin, et qu’il regardoit ses voisins, qui avoient tous plus ou moins d’enfans, il sentit plus vivement le chagrin de n’en pas avoir, et se trouva par conséquent plus indisposé contre son épouse.

C’étoit un vendredi : Schemseddin se rendit aux bains ; et après s’être baigné, il se fit parfumer, raser la tête, et arranger la barbe comme il avoit coutume de faire tous les vendredis. Tandis qu’il étoit entre les mains du garçon de bain, il prit le miroir, et se mit à considérer sa figure. Sa barbe, qui commençoit à grisonner, augmenta le chagrin qu’il éprouvoit de se voir sans enfans. Il s’en retourna chez lui avec beaucoup d’humeur.

L’épouse du marchand, qui savoit l’heure où il devoit rentrer, avoit eu l’attention de se baigner aussi, et de se parer de ses plus beaux habits