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LES MILLE ET UNE NUITS,

sur le cou avec son cimeterre, et l’étendit mort à ses pieds.

Alaeddin, saisi de teneur à ce spectacle, resta immobile dans un coin de sa tente, et échappa ainsi à la fureur des brigands. Les Bédouins massacrèrent impitoyablement tous ses gens, rechargèrent promptement les mules, les attachèrent à la queue l’une de l’autre, et s’éloignèrent.

Alaeddin ayant repris ses esprits, dit en lui-même : « Les brigands peuvent revenir, et ne m’épargneront pas s’ils m’aperçoivent. » Il ôta donc son habit, ne garda que sa chemise et son caleçon, et se jeta ainsi par terre, au milieu du sang et des cadavres dont la terre étoit jonchée.

Comme les Bédouins s’éloignoient avec leur butin, Abou Nab leur demanda si la caravane qu’ils venoient d’attaquer venoit d’Égypte, ou si elle sortoit de Bagdad ? Quand ils lui eurent dit qu’elle venoit d’Égypte, il les invita à retourner sur le champ de bataille : « Car, dit-il, je