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CONTES ARABES.

fût enceinte, et la conduisit à la vieille, en lui recommandant de la remettre sur-le-champ entre les mains de Khatoun, femme du wali : ce qui fut exécuté sur-le-champ.

Quand Habdalum Bezaza aperçut celle qu’il aimoit si éperdument, il sentit renaître ses forces, et fit paroître la joie la plus vive. Il voulut s’approcher d’elle pour lui témoigner la satisfaction qu’il éprouvoit en la voyant ; mais Jasmin indignée, lui dit que s’il ne s’éloignoit pas sur-le-champ, elle ne répondoit pas des mouvemens que sa vue lui inspiroit. « Je me tuerois plutôt, s’écria-t-elle, que d’appartenir à un monstre tel que toi ! » « Belle Jasmin, dit Habdalum tout tremblant, de grâce, n’attentez pas à une vie qui m’est si précieuse. »

La femme du wali voulant calmer l’agitation violente où elle voyoit la belle Jasmin, lui dit avec douceur : « Souffrez, belle esclave, que mon fils puisse vous témoigner toute l’ardeur que vous lui avez inspirée ; il ne peut plus vivre sans vous. »