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CONTES ARABES.

ce n’est certainement pas là Alaeddin ? » « Pourquoi donc, Sire, demanda Giafar ? »

« Alaeddin étoit petit, reprit le calife, et celui que je vois est fort grand. » « Sire, répondit Giafar, le corps de ceux qu’on pend s’alonge toujours un peu. »

« Mais, poursuivit le calife, Alaeddin avoit la peau fort blanche, et le visage de cet homme est tout noir ? » « Souverain Commandeur des croyans, repartit Giafar, vous n’ignorez pas que la mort défigure les hommes, et donne aux cadavres une teinte livide et noirâtre. »

Malgré tous les raisonnemens de son visir, le calife voulut qu’on détachât le corps du gibet : on le visita, et on trouva écrit sur sa poitrine le nom des deux Scheikhs[1].

« Eh bien, visir, dit le calife, persistes-tu encore dans ton sentiment ? Tu sais qu’Alaeddin étoit Sunnite, et

  1. Hassan et Hossaïn, les deux fils aînés d’Ali.