Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IX.djvu/394

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
386
LES MILLE ET UNE NUITS,

que je voyois, en prononçant le nom de Dieu.

» Tout-à-coup un esprit céleste, couvert d’un manteau bleu d’azur, et dont les cheveux blonds tomboient en grosses boucles sur ses épaules, se présenta devant moi. Son visage étoit éclatant de lumière, et il tenoit à la main une lance d’où jaillissoient de toutes parts des étincelles de feu. « Abou Mohammed, me dit-il, prononce sur-le-champ la formule : Il n’y a point d’autre Dieu que le souverain, auteur de toutes choses, ou je vais te frapper de cette lance. » Effrayé de sa menace, j’oubliai toutes mes résolutions, et proferai les paroles qui devoient causer ma perte. Soudain l’ange de lumière frappa de sa lance le génie rebelle, et le réduisit en cendres. Pour moi, je descendis aussitôt rapidement vers la terre, et tombai dans les flots.

» Étourdi de ma chute, je restai quelque temps sous l’eau. Ayant ensuite repris mes esprits, je me mis à nager de toutes mes forces ; mais