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CONTES ARABES.

devrois l’être encore. Le mal dont vous fûtes atteint après m’avoir vue arroser des fleurs à une croisée, détermina Attaf à me répudier pour me donner à vous ; mais je pense que vous n’abuserez pas de la générosité de celui que je regarde toujours comme mon mari ; et c’est pour cela que je me cache devant vous le visage. »

Giafar fut on ne peut plus étonné de ce qu’il venoit d’apprendre. « Puisqu’il est ainsi, dit-il après un moment de réflexion, quoique selon les lois vous ne soyez plus à Attaf, mais à moi, je vous regarde comme n’ayant pas cessé d’appartenir à mon ami, et j’aurai pour vous les égards et le respect que j’aurois pour ma mère ou ma sœur. Après être partie avec moi et avoir ici passé la nuit, vous ne pouvez retourner auprès d’Attaf, sans donner lieu à des soupçons injurieux pour votre honneur et le sien. Il vaut mieux venir jusqu’à Bagdad. Vous recevrez sur la route les honneurs qu’on a coutume de rendre à l’épouse du premier visir,