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CONTES ARABES.

mes yeux ne pourront goûter les douceurs du sommeil ; mon cœur sera consumé de regrets, et mon corps desséché par le chagrin. »

L’émir Selama et toute l’assemblée fondoient en larmes. Tout-à-coup on entendit une voix qui prononça ces paroles : « Que le prince Habib ne se laisse pas abattre par la douleur, mais qu’il songe à remplir ses hautes destinées. Il aura des combats à soutenir, des revers à essuyer. Il est temps, après avoir cultivé son esprit, qu’il apprenne à endurcir son corps à la fatigue, à manier les armes, et qu’il se forme au métier de la guerre. »

Ces paroles relevèrent le courage du jeune Habib. Il essuya ses larmes, et dit à son père : « Le génie qui m’a ouvert la carrière des sciences, m’avertit, en me quittant, de m’élancer dans celle des armes : déjà je brûle de m’y signaler. Qu’il est beau de bien manier un cheval, de se servir adroitement de la lance et de l’épée, de sortir victorieux d’un com-