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CONTES ARABES.

tumé au crime, et plus acharné que les autres à la perte du prince, leur dit qu’il connoissoit un moyen infaillible de l’endormir, et se chargea lui-même de l’exécution. Il avoit avec lui quelques gros d’une poudre assoupissante. Il épia un moment favorable, et en mêla dans la boisson du prince. L’infame stratagème ne réussit que trop bien. Le prince éprouva d’abord un violent mal de tête, accompagné d’étourdissemens : ses paupières s’appesantirent, ses yeux se fermèrent ; il tomba dans une profonde léthargie.

Assurés du succès de leur crime, ils étoient partagés sur la manière dont ils l’exécuteroient. Les uns vouloient égorger le prince ; les autres, ayant horreur de tremper leurs mains dans son sang, proposoient de l’enterrer dans l’état où il étoit. Le plus jeune de ces chevaliers, nommé Rabia, qui n’osoit témoigner ouvertement l’horreur que lui inspiroit cet assassinat, mais qui vouloit tâcher de sauver la vie au prince, leur dit alors :