Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
LES MILLE ET UNE NUITS,

suis une fille de qualité du Caire, repartit la dame ; je passois bien près de ce château pour aller à Bagdad ; je rencontrai le nègre qui tua tous mes domestiques, et m’amena ici. Je voudrois n’avoir rien à craindre que la mort, mais pour comble d’infortune, ce monstre veut que j’aie de la complaisance pour lui ; et si dès demain je ne me rends pas sans effort à sa brutalité, je dois m’attendre à la dernière violence. Encore une fois, poursuivit-elle, sauve-toi, le nègre va bientôt revenir ; il est sorti pour poursuivre quelques voyageurs qu’il a remarqués de loin dans la plaine. Tu n’as pas de temps à perdre, et je ne sais pas même si par une prompte fuite tu pourras lui échapper. »

Elle n’eut pas achevé ces mots que le nègre parut. C’étoit un homme d’une grandeur démesurée et d’une mine effroyable. Il montoit un puissant cheval de Tartarie, et portoit un cimeterre si large et si pesant, que lui seul pouvoit s’en servir. Le prince l’ayant aperçu, fut étonné de sa