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CONTES ARABES.

connoissance ; mais il l’en empêcha. Elle loua sa valeur, et l’éleva au-dessus de tous les héros du monde. Il répondit à ses complimens ; et comme elle lui parut encore plus aimable de près que de loin, je ne sais si elle sentoit plus de joie de se voir délivrée de l’affreux péril où elle avoit été, que lui d’avoir rendu cet important service à une si belle personne.

Leurs discours furent interrompus par des cris et des gémissemens. « Qu’entends-je, s’écria Codadad ? D’où partent ces voix pitoyables qui frappent mes oreilles ? » « Seigneur, dit la dame, en lui montrant du doigt une porte basse qui étoit dans la cour, elles viennent de cet endroit : il y a là je ne sais combien de malheureux que leur étoile a fait tomber entre les mains du nègre ; ils sont tous enchaînés, et chaque jour ce monstre en tiroit un pour le manger. »

« C’est un surcroît de joie pour moi, reprit le jeune prince, d’ap-