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LES MILLE ET UNE NUITS,

me, et il prit si bien son temps, qu’il trouva tous ses amis chez eux. Il leur représenta le grand besoin où il étoit, et il les pria de lui ouvrir leur bourse pour le secourir efficacement. Il promit même de s’engager envers chacun d’eux en particulier, de leur rendre les sommes qu’ils lui auroient prêtées, dès que ses affaires seroient rétablies, sans néanmoins leur faire connoître que c’étoit en grande partie à leur considération qu’il s’étoit si fort incommodé, afin de les piquer davantage de générosité. Il n’oublia pas de les leurrer aussi de l’espérance de recommencer un jour avec eux la bonne chère qu’il leur avoit déjà faite.

Aucun de ses amis de bouteille ne fut touché des vives couleurs dont l’affligé Abou Hassan se servit pour tâcher de les persuader. Il eut même la mortification de voir que plusieurs lui dirent nettement qu’ils ne le connoissoient pas, et qu’ils ne se souvenoient pas même de l’avoir vu. Il revint chez lui le cœur pénétré de