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CONTES ARABES.

et d’argent, des porcelaines ; enfin on enleva tout, on ne laissa dans la maison que les murs ; et ce fut un spectacle bien affligeant pour ces malheureuses dames de voir piller tous leurs biens, sans savoir pourquoi on les traitoit si cruellement.

Mohammed, après le pillage de la maison, donna ordre au juge de police de la faire raser avec le tombeau ; et pendant qu’on y travailloit, il emmena dans son palais Force des cœurs et sa mère. Ce fut là qu’il redoubla leur affliction, en leur déclarant les volontés du calife. « Il veut, leur dit-il, que je vous fasse dépouiller, et que je vous expose toutes nues aux yeux du peuple pendant trois jours. C’est avec une extrême répugnance que je fais exécuter cet arrêt cruel et plein d’ignominie. » Le roi prononça ces paroles d’un air qui faisoit connoître qu’il étoit effectivement pénétré de douleur et de compassion. Quoique la crainte d’être détrôné l’empêchât de suivre les mouvemens de sa pitié, il ne laissa pas d’a-