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CONTES ARABES.

se lever, et elle n’a pas coutume d’y manquer. « 

« Je me trompois, dit aussitôt Abou Hassan, je ne dors pas, je suis éveillé ; ceux qui dorment n’entendent pas, et j’entends qu’on me parle. » Il ouvrit encore les yeux ; et comme il étoit grand jour, il vit distinctement tout ce qu’il n’avoit aperçu que confusément. Il se leva sur son séant avec un air riant, comme un homme plein de joie de se voir dans un état si fort au-dessus de sa condition ; et le calife qui l’observoit sans être vu, pénétra dans sa pensée avec un grand plaisir.

Alors les jeunes dames du palais se prosternèrent la face contre terre devant Abou Hassan ; et celles qui tenoient des instrumens de musique, lui donnèrent le bon jour par un concert de flûtes douces, de haut-bois, de téorbes et d’autres instrumens harmonieux dont il fut enchanté et ravi en extase, de manière qu’il ne savoit où il étoit, et qu’il ne se possédoit pas lui-même. Il revint