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CONTES ARABES.

calife, qui en eût ri de même, s’il n’eût craint de mettre fin, dès son commencement, à la plaisante scène qu’il avoit résolu de se donner.

Abou Hassan, après avoir ri long-temps en cette posture, se remit sur son séant ; et en s’adressant à un petit eunuque noir comme Mesrour : « Écoute, lui dit-il, dis-moi qui je suis ? » « Seigneur, répondit le petit eunuque d’un air modeste, votre Majesté est le Commandeur des croyans, et le vicaire en terre du maître des deux mondes. » « Tu es un petit menteur, face de couleur de poix, reprit Abou Hassan. »

Abou Hassan appela ensuite une des dames qui étoit plus près de lui que les autres. « Approchez-vous, la belle, dit-il en lui présentant la main, tenez, mordez-moi le bout du doigt, que je sente si je dors ou si je veille. »

La dame qui savoit que le calife voyoit tout ce qui se passoit dans la chambre, fut ravie d’avoir occasion de faire voir de quoi elle étoit capable, quand il s’agissoit de le divertir.