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CONTES ARABES.

autant de gravité que lui-même.

Dès qu’Abou Hassan eut pris place, le grand visir Giafar qui venoit d’arriver, se prosterna devant lui au pied du trône, se releva ; et en s’adressant à sa personne : « Commandeur des croyans, dit-il, que Dieu comble votre Majesté de ses faveurs en cette vie, la reçoive dans son paradis dans l’autre, et précipite ses ennemis dans les flammes de l’enfer. »

Abou Hassan, après tout ce qui lui étoit arrivé depuis qu’il étoit éveillé, et ce qu’il venoit d’entendre de la bouche du grand visir, ne douta plus qu’il ne fût calife, comme il avoit souhaité de l’être. Ainsi, sans examiner comment ou par quelle aventure un changement de fortune si peu attendu s’étoit fait, il prit sur-le-champ le parti d’en exercer le pouvoir. Aussi demanda-t-il au grand visir, en le regardant avec gravité, s’il avoit quelque chose à lui dire ?

« Commandeur des croyans, reprit le grand visir, les émirs, les