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CONTES ARABES.

y aperçut, qu’il n’avoit pas vu aux autres salons, c’étoit un buffet de sept grands flacons d’argent pleins d’un vin des plus exquis, et de sept verres de cristal de roche d’un très-beau travail auprès de chaque flacon.

Jusque-là, c’est-à-dire dans les trois premiers salons, Abou Hassan n’avoit bu que de l’eau, selon la coutume qui s’observe à Bagdad, aussi-bien parmi le peuple et dans les ordres supérieurs qu’à la cour du calife, où l’on ne boit le vin ordinairement que le soir. Tous ceux qui en usent autrement, sont regardés comme des débauchés, et ils n’osent se montrer de jour. Cette coutume est d’autant plus louable, qu’on a besoin de tout son bon sens dans la journée pour vaquer aux affaires ; et que par-là, comme on ne boit du vin que le soir, on ne voit pas d’ivrognes en plein jour causer du désordre dans les rues de cette ville.

Abou Hassan entra donc dans ce quatrième salon, et il s’avança jusqu’à la table. Quand il s’y fut assis,