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CONTES ARABES.

m’auroient délivré de l’état pitoyable où je suis, si j’avois quelqu’autorité sur eux. Tout cela n’a été qu’un songe, et je ne dois pas faire difficulté de le croire. J’ai commandé, il est vrai, au juge de police de châtier l’iman et les quatre vieillards de son conseil ; j’ai ordonné au grand visir Giafar de porter mille pièces d’or à ma mère, et mes ordres ont été exécutés. Cela m’arrête, et je n’y comprends rien. Mais combien d’autres choses y a-t-il que je ne comprends pas, et que je ne comprendrai jamais ? Je m’en remets donc entre les mains de Dieu qui sait et qui connoît tout. »

Abou Hassan étoit encore occupé de ces pensées et de ces sentimens, quand sa mère arriva. Elle le vit si exténué et si défait, qu’elle en versa des larmes plus abondamment qu’elle n’avoit encore fait jusqu’alors. Au milieu de ses sanglots, elle le salua du salut ordinaire, et Abou Hassan le lui rendit, contre sa coutume depuis qu’il étoit dans cet hôpital. Elle