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CONTES ARABES.

vous en coûtera rien. » À l’instant il prit la bouteille et la tasse d’Abou Hassan, dans laquelle il jeta adroitement une pincée de la poudre dont il s’étoit déjà servi, lui versa une rasade ; et en lui présentant la tasse : « Prenez, continua-t-il, et buvez d’avance à la santé de cette belle qui doit faire le bonheur de votre vie ; vous en serez content. »

Abou Hassan prit la tasse en riant ; et en branlant la tête : « Vaille que vaille, dit-il, puisque vous le voulez ! Je ne saurois commettre une incivilité envers vous, ni désobliger un hôte de votre mérite, pour une chose de peu de conséquence. Je vais donc boire à la santé de cette belle que vous me promettez, quoique, content de mon sort, je ne fasse aucun fondement sur votre promesse. »

Abou Hassan n’eut pas plutôt bu la rasade, qu’un profond assoupissement s’empara de ses sens comme les deux autres fois, et le calife fut encore le maître de disposer de lui à sa volonté. Il dit aussitôt à l’es-