Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
LES MILLE ET UNE NUITS,

qu’à augmenter la curiosité des paysannes et à leur inspirer de la compassion. La mère de Ganem leur conta ce qu’elle et sa fille avoient souffert. Les bonnes villageoises en furent attendries, et tâchèrent de les consoler. Elles les régalèrent autant que leur pauvreté le leur permit. Elles leur firent quitter leurs chemises de crin de cheval qui les incommodoient fort, pour en prendre d’autres qu’elles leur donnèrent, avec des souliers, et de quoi se couvrir la tête pour conserver leurs cheveux.

De ce village, après avoir bien remercié ces paysannes charitables, Force des cœurs et sa mère s’avancèrent du côté d’Alep à petites journées. Elles avoient accoutumé de se retirer autour des mosquées, ou dans les mosquées mêmes, où elles passoient la nuit sur la natte, lorsque le pavé en étoit couvert ; autrement elles couchoient sur le pavé même, ou bien elles alloient loger dans les lieux publics destinés à servir de retraite aux