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CONTES ARABES.

Zobéïde, ses femmes esclaves et Nouzhatoul-Aouadat demeurèrent un temps considérable le mouchoir devant les yeux à pleurer et à jeter des soupirs de cette prétendue mort. Enfin la princesse Zobéïde rompit le silence : « Méchante, s’écria-t-elle, en s’adressant à la fausse veuve, c’est peut être toi qui est cause de sa mort ! Tu lui auras donné tant de sujets de chagrin par ton humeur fâcheuse, qu’enfin tu seras venue à bout de le mettre au tombeau. »

Nouzhatoul-Aouadat témoigna recevoir une grande mortification du reproche que Zobéïde lui faisoit. « Ah, Madame, s’écria-t-elle, je ne crois pas avoir jamais donné à votre Majesté pendant tout le temps que j’ai eu le bonheur d’être son esclave, le moindre sujet d’avoir une opinion si désavantageuse de ma conduite envers un époux qui m’a été si cher ! Je m’estimerois la plus malheureuse de toutes les femmes, si vous en étiez persuadée. J’ai chéri Abou Hassan, comme une femme doit chérir un