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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/37

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CONTES ARABES.

dit-il à la favorite d’un ton qui marquoit sa joie, prenez la peine de me suivre, j’espère que vous ne reviendrez plus dans cette vilaine tour ténébreuse ; le Commandeur des croyans veut vous entretenir, et j’en conçois un heureux présage. »

Tourmente suivit Mesrour, qui la mena et l’introduisit dans le cabinet du calife. D’abord elle se prosterna devant ce prince, et elle demeura dans cet état le visage baigné de larmes. « Tourmente, lui dit le calife, sans lui dire de se relever, il me semble que tu m’accuses de violence et d’injustice : qui est donc celui qui, malgré les égards et la considération qu’il a eus pour moi, se trouve dans une situation misérable ? Parle, tu sais combien je suis bon naturellement, et que j’aime à rendre justice. »

La favorite comprit par ce discours que le calife l’avoit entendue parler ; et profitant d’une si belle occasion de justifier son cher Ganem : « Commandeur des croyans,