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LES MILLE ET UNE NUITS,

rice vous a dit comme à moi, qu’elle a vu sa femme vivante qui pleuroit son mari mort. »

Cette contestation du calife et de Zobéïde en attira une autre. Mesrour et la nourrice étoient dans le même cas ; ils avoient aussi gagé, et chacun prétendoit avoir gagné. La dispute s’échauffoit violemment, et le chef des eunuques avec la nourrice étoient prêts à en venir à de grosses injures.

Enfin le calife en réfléchissant sur tout ce qui s’étoit passé, convenoit tacitement que Zobéïde n’avoit pas moins de raison que lui, de soutenir qu’elle avoit gagné. Dans le chagrin où il étoit de ne pouvoir démêler la vérité de cette aventure, il s’avança près des deux corps morts, et s’assit du côté de la tête, en cherchant lui-même quelque expédient qui lui pût donner la victoire sur Zobéïde. « Oui, s’écria-t-il un moment après, je jure par le saint nom de Dieu, que je donnerai mille pièces d’or de ma monnoie à celui qui me dira qui est mort le premier des deux. »