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LES MILLE ET UNE NUITS,

selon le prix qu’Aladdin les avoit vendus à l’orfèvre, devoit leur avoir duré. Ils vécurent de la sorte pendant quelques années, avec le secours du bon usage qu’Aladdin faisoit de la lampe de temps en temps.

Dans cet intervalle, Aladdin qui ne manquoit pas de se trouver avec beaucoup d’assiduité au rendez-vous des personnes de distinction, dans les boutiques des plus gros marchands de draps d’or et d’argent, d’étoffes de soie, de toiles les plus fines, et de joailleries, et qui se mêloit quelquefois dans leurs conversations, acheva de se former, et prit insensiblement toutes les manières du beau monde. Ce fut particulièrement chez les joailliers qu’il fut détrompé de la pensée qu’il avoit que les fruits transparens qu’il avoit cueillis dans le jardin où il étoit allé prendre la lampe, n’étoient que du verre coloré, et qu’il apprit que c’étoient des pierres de grand prix. À force de voir vendre et acheter de toutes sortes de ces pierreries dans leurs boutiques, il en ap-