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LES MILLE ET UNE NUITS,

accomplie. On ne doit donc pas s’étonner si Aladdin fut ébloui et presque hors de lui-même à la vue de l’assemblage de tant de merveilles qui lui étoient inconnues. Avec toutes ces perfections, la princesse avoit encore une riche taille, un port et un air majestueux, qui à le voir seulement, lui attiroient le respect qui lui étoit dû.

Quand la princesse fut entrée dans le bain, Aladdin demeura quelque temps interdit et comme en extase, en retraçant et en s’imprimant profondément l’idée d’un objet dont il étoit charmé et pénétré jusqu’au fond du cœur ; il rentra enfin en lui-même ; et en considérant que la princesse étoit passée, et qu’il garderoit inutilement son poste pour la revoir à la sortie du bain, puisqu’elle devoit lui tourner le dos et être voilée, il prit le parti de l’abandonner et de se retirer.

Aladdin, en rentrant chez lui, ne put si bien cacher son trouble et son inquiétude, que sa mère ne s’en aperçût.