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CONTES ARABES.

Force des cœurs, qui s’étant levée sur son séant pour la recevoir, lui tendit les bras.

Après que la charmante favorite du calife eut donné à la mère et à la fille toutes les marques de tendresse qu’elles pouvoient attendre de la femme de Ganem, elle leur dit : « Cessez de vous affliger l’une et l’autre, les richesses que Ganem avoit en cette ville, ne sont pas perdues ; elles sont au palais du calife dans mon appartement. Je sais bien que toutes les richesses du monde ne sauroient vous consoler sans Ganem : c’est le jugement que je fais de sa mère et de sa sœur, si je dois juger d’elles par moi-même. Le sang n’a pas moins de force que l’amour dans les grands cœurs. Mais pourquoi faut-il désespérer de le revoir ? Nous le retrouverons ; le bonheur de vous avoir rencontrées m’en fait concevoir l’espérance. Peut-être même que c’est aujourd’hui le dernier jour de vos peines, et le commencement d’un bonheur plus grand que celui dont vous jouissiez à Damas,