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CONTES ARABES.

cins. Je l’ai fait apporter chez moi par mes esclaves, qui, dans une chambre particulière où je l’ai mis, lui donnent par mon ordre de mon propre linge, et le servent comme ils me serviroient moi-même. »

Tourmente tressaillit à ce discours du joaillier, et sentit une émotion dont elle ne pouvoit se rendre raison. « Menez-moi, dit-elle au syndic, dans la chambre de ce malade, je souhaite de le voir. » Le syndic l’y conduisit ; et tandis qu’elle y alloit, la mère de Ganem dit à Force des cœurs : « Ah, ma fille, quelque misérable que soit cet étranger malade, votre frère, s’il est encore en vie, n’est peut-être pas dans un état plus heureux ! »

La favorite du calife étant dans la chambre où étoit le malade, s’approcha du lit où les esclaves du syndic l’avoient déjà couché. Elle vit un jeune homme qui avoit les yeux fermés, le visage pâle, défiguré et tout couvert de larmes. Elle l’observa avec attention, son cœur palpitoit,